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LA BIOGRAPHIE DE MME DE LA FAYETTE PAR ROGER DUCHÊNE







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    Mme de La Fayette, nouvelle édition revue et augmentée, parue en septembre 2000 chez Fayard, 524 pages, 170 Francs, disponible en librairie.

    Rien de plus romanesque que la vie de Mme de La Fayette, La Dame de la rue de Vaugirard, où elle grandit, vécut et mourut dans des maisons construites par son père, dont elle hérita le sens des affaires. Promise à un brillant destin dans un Paris où les poètes la disent " incomparable " à dix-sept ans, elle doit bientôt s'exiler en province, en Anjou, puis en Auvergne, le pays de celui auquel on la marie précipitamment. On lui a volé sa jeunesse. Avant vingt ans, elle se défie de l'amour, qu'elle déclare " sentiment incommode ".

    Mais elle croit à l'amour tendre des romans de Mlle de Scudéry. Elle le file avec Ménage, un érudit qui se métamorphose, pour Mme de Sévigné, puis pour elle, en poète galant. Il en fait la " Madame Laure " de ses poèmes. Quand elle retrouve la capitale, à vingt-cinq ans, elle lui doit de n'avoir pas été oubliée. Elle lui doit aussi d'avoir pu écrire et publier, anonymement, un premier roman, La Princesse de Montpensier. Reconstituer l'histoire de leurs rapports, c'est éclairer le statut intellectuel, littéraire et moral de celle qu'on a appelée " une précieuse de la plus grande volée " juste avant Les Précieuses ridicules. Après douze années d'amour tendre, ce seront dix-sept ans d'une " liaison " intime avec La Rochefoucauld, fondée sur la " sympathie ", qui n'est pas moins singulière que l'aventure sentimentale vécue avec Ménage. C'est dans ce climat qu'est née La Princesse de Clèves, lancée par une campagne de presse exemplaire, la première qui ait entouré un roman. La comtesse refusera pourtant de s'en reconnaître l'auteur.

    Tout cela n'épuise pas le mystère d'un personnage toujours malade, toujours actif, amie de coeur d'Henriette dAngleterre, dont elle a écrit la Vie, agent secret de la duchesse de Savoie, une autre amie de jeunesse. " Elle a cent bras ", disait d'elle celle qu'elle a " le plus véritablement aimée ", la marquise de Sévigné.

    Éditeur de Mme de Sévigné à la Bibliothèque de la Pléiade, puis de Madame de La Fayette, Roger Duchêne leur a consacré des biographies qui font autorité. Comme son La Fontaine, sa Ninon de Lenclos et son Impossible Marcel Proust. Il a eu le Grand Prix de la biographie littéraire de l'Académie française pour son Molière (éditions Fayard), et en 2002, le Grand Prix de l'essai de la Société des Gens de Lettres de France pour Les Précieuses ou comment l'esprit vint aux femmes.